Entretien avec un pilote : Mary Betts
Après avoir exercé le métier d’actrice sur les planches et devant la caméra, Mary Betts a récemment décidé de devenir pilote.
Déjà titulaire d’une licence de pilote professionnel (CPL), elle est sur le point de débuter une formation au travail en équipage (FTE ou MCC en anglais) et au pilotage de jet privé à la Oxford Aviation Academy, et espère décrocher prochainement un poste de copilote.
Son parcours atypique nous a donné envie de savoir s’il existe des points communs entre les métiers d’actrice et de pilote...
Carrière dans l'aviation privée
Avez-vous toujours voulu devenir pilote et comment y êtes-vous parvenue ?
Je me suis inscrite à des cours pour obtenir ma licence de pilote privé (PPL) dès le lendemain de ma leçon d’essai. Mon père était dans l’Armée de l’Air, je dois avoir ça dans le sang ! Ensuite, tout fut une question de volonté.
Il m’a fallu cinq ans pour économiser suffisamment d’argent pour financer l’ensemble ma formation. Pendant cette période j’ai travaillé pour un fond d’investissements spéculatifs spécialisé dans le marché de l’art, tout en lançant une société de création de cartes de vœux.
En 13 mois, j’ai tout de même réussi à terminer ma formation théorique au sol, accumuler des heures de vol, obtenir ma licence de pilote professionnel (CPL), passer une qualification de vol aux instruments (IR) et sur avions multimoteurs (ME) et préparer une formation au travail en équipage (MCC) et une attestation JOC (Jet Orientation Course). Je voulais être certaine d’avoir suffisamment d’argent pour financer ma formation de pilote et de pouvoir y consacrer toute mon attention.
Quel a été votre premier vol ?
Un vol au départ du Wycombe Air Centre à bord d’un Cessna 152.
Y a-t’il des points commun entre le métier de pilote et celui d'actrice ?
Tout à fait, un acteur doit avoir confiance en lui et savoir accepter les critiques constructives pour apprendre de ses erreurs. Il en va de même pour les pilotes en formation. Chaque performance est unique ce qui peut donner lieu a des difficultés inattendues. Sur scène comme dans un cockpit, vous devez être capable de vous adapter même sous pression, et de rester concentré tout en effectuant plusieurs tâches en même temps. Vous voyagez aussi souvent et travaillez avec beaucoup de personnes différentes.
Tout comme le métier de pilote, celui d’acteur n’est pas un emploi de bureau, c’est un choix de vie qui demande un esprit d’aventure.
Comment vous formez-vous chaque année ?
Je dois maintenir mes qualifications qui sont renouvelables chaque année. A l’heure actuelle, je dois voler le plus possible en compagnie d’un pilote expérimenté. Il y a toujours quelque chose à apprendre !
Des hauts et des bas
Quelle est votre piste ou site d’atterrissage préféré et pourquoi ?
J’ai fini d’accumuler les heures de vol requises en Floride, ce qui m’a amenée à me poser à Cedar Keys, un archipel proche du continent. La piste est courte, entourée d’îlots et de beaucoup d’eau et très exposée aux caprices de la météo. Il faut avoir le cœur bien accroché, surtout lorsque souffle un vent de travers, mais la vue est à couper le souffle lorsqu’on décolle au-dessus du Golfe de Mexico.
Je n’oublierai jamais non plus l’appel radio reçu à 100 mètres du sol qui me demandait si je souhaitais réserver un taxi, alors que je me concentrais sur mon atterrissage pour me poser sans encombre sur cette piste difficile.
Quel vol vous a le plus marqué ?
J’ai volé de Key West à Kissimmee, avant de rejoindre la Nouvelle-Orléans en une seule journée. Un trajet de 1 300 km, qui a pris plus de 7 heures. Je n’avais besoin d’effectuer que 550 km en solo, mais j’ai continué. La météo était parfaite et mon père m’accompagnait. C’est un de mes meilleurs souvenirs avec lui.
Votre conseil aux autres pilotes ?
Une bonne organisation est absolument essentielle. Ne décollez jamais sans avoir attentivement préparé votre vol, même si c’est un bref trajet tout près de chez vous.
Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné ?
Profite de l’instant présent, car il faudra passer à autre chose une fois qu’il sera terminé.
En tant que pilote, quelle question vous pose-t-on le plus souvent ?
Vous n’avez jamais peur ?
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
La vue de la fenêtre de mon bureau est la plus belle du monde. Chaque jour est différent et apporte son lot d’expériences nouvelles. J’adore voyager, partir à l’aventure et la solitude du cockpit. Je ne pourrais pas supporter un boulot classique, mon métier de pilote me donne la vie dont je rêve.
Qu’est ce que vous aimez le moins dans votre métier ?
J’attends toujours de trouver du travail, donc il va falloir me reposer cette question dans quelques mois !
Qui est votre héros dans le domaine de l’aviation ?
J’ai récemment regardé un documentaire à la télévision intitulé « Spitfire Women ». C’était un reportage très émouvant sur des femmes extraordinaires devenues pilotes d’avions de transport militaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Sans elles, nous n’aurions sans doute jamais gagné la guerre. Elles sont de véritables modèles pour moi.
À BORD
Qu’emportez-vous avec vous ?
J’aime les gadgets : un iPhone et un iPad sont deux outils très utiles pour les pilotes. Je n’ai pas encore découvert toutes les meilleures applications, mais quelques-unes me sont très précieuses pour m’organiser au quotidien.
Quel est votre avion préféré ? Pourquoi ?
Le Piaggio P180 Avanti II. Son intérieur offre tout le confort et le luxe d’un jet, mais ses frais d’exploitation sont beaucoup plus avantageux. Capable d’emprunter des pistes courtes, il peut aussi se poser ou décoller n’importe où.
Il n’y en a encore aucun au Royaume-Uni, mais je crois que nous en verrons de plus en plus dans les années à venir.
Quel était votre dernier vol (départ et destination) ?
C’était un examen de vol aux instruments (IR) au départ de l’aéroport international de Bristol via le repère de balisage BADIM et Cardiff !
Qu’est-ce que vous emmenez systématiquement avec vous lors de vos déplacements ?
Lorsque j’étais en formation, j’avais toujours une radio de rechange avec moi.
Le futur de l'aviation
Selon vous, quels changements affecteront l’aviation privée dans les cinq prochaines années ?
Je pense que l’affrètement d’avions privés va se développer. Les gens en ont assez des retards et des files d’attente dans les aéroports et l’aviation privée est de plus en plus accessible et bon marché. Le temps c’est de l’argent, et les voyageurs ne veulent plus perdre une minute pour se rendre à destination.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir pilote de jet privé ?
Pour réussir sa formation, un futur pilote doit être motivé et déterminé. Vous devez être capable de travailler sous pression, savoir communiquer efficacement et démontrer votre capacité à prendre les choses en main. Enfin, avoir une grande passion pour l’aviation est la clé du succès. La mienne m’a permis de surmonter toutes les difficultés !
Quel est le plus grand changement qu’ait connu l’aviation au cours de votre carrière ?
Le contenu de la formation change en permanence et la technologie se développe très rapidement, j’ai eu de la chance d’obtenir ma licence avant la création de l’EASA ! Je pense que les changements que cet organisme a introduit pourrait être source de confusion.
Dossier personnel
Qu’est-ce qui vous manque le plus lors de vos déplacements ?
Rien... Voyager est l’activité que je préfère.
Que lisez-vous ?
Des manuels pour préparer l’examen de ma formation au travail en équipage (MCC) et de mon attestation JOC (Jet Orientation Course). Je m’entraîne à piloter un Boeing 737 sur un simulateur de vol, je dois donc me familiariser avec beaucoup de nouveaux boutons !
Si vous pouviez partir où vous vouliez aujourd’hui, où iriez-vous ?
Probablement sur une île déserte... Les derniers jours ont été bien remplis et j’apprécierais grandement de profiter d’un peu de calme et de sérénité.
Puisque vous voyagez beaucoup, quel est votre hôtel préféré ?
Il y a quelques années, j’ai passé un permis hauturier pour être skipper sur un yacht. Je préfère donc être sur un bateau : toujours en mouvement, à découvrir de nouveaux endroits.
Quelle est votre ville préférée ?
Venise, c’est une ville véritablement unique au monde.
Quelle voiture conduisez-vous ?
Je n’ai pas de voiture : je roule en moto sur une Ducati Monster.
Prenez-vous l’avion pour partir en vacances ou préférez-vous rester à la maison ?
Je suis toujours prête à partir pour de nouveaux horizons.
Lorsque vous voyagez sur un vol programmé êtes-vous la première ou la dernière à monter dans l’avion ?
Les deux. Si c’est un long-courrier, j’embarque en premier. Si c’est un vol court, je laisse tous les autres passagers s’installer avant de monter à bord.
Qu’est-ce que vous aimez le moins avec les avion de ligne ?
Les files d’attente !
Merci à Mary Betts, d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Titulaire d’une licence de pilote professionnel (CPL), elle espère décrocher prochainement un poste de copilote.
Demandez au pilote
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